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Hendaye - Banyuls, la grande traversée, par Gérard Filoche.

3e partie : Les Granges d'Astau - Mérens
43 - Arquizat, 739 m – Plateau de Beille, 1817 m – Refuge du Rulhe, 2185 m
Extraits du livre.

Dénivelé + 539 m. Dénivelé – 171 m. 16 km

Que la montagne est Beille… 2

...Le réveil est comme le jour qui se lève, éclatant. Oui, nous sommes pleins de vitalité pour notre deuxième périple sur le plateau de Beille. Il est 6 h 45, nos sacs sont prêts, nous pas encore mais cela ne saurait tarder…

…En fait, aujourd'hui, nous allons cheminer sur un immense plateau à une altitude de 2000 m environ. Peu de montées et de descentes au programme, mais une fantastique balade dans une nature sauvage, très sauvage. Au bout de cette journée, le refuge de Rulhe, le dernier de cette saison nous attend. Il est 9 h 45, lorsque nous marquons nos premiers pas sur notre GR 10. Le soleil a sorti ses plus beaux atours, c'est un bonheur. La pancarte nous indique bien le temps estimé pour notre destination : 5 h 30. Alors, tranquille…

…A 1939 m, la cabane de Beille-d'en-Haut marque le début du grand espace sauvage. Le paysage s'admire en 360°. Derrière nous ; - bien sûr nous n'avons pas les yeux dans le dos, mais nous avons enregistré le panorama visuellement, et nous nous retournons fréquemment, je vous laisse imaginer - ; derrière nous donc, la plaine de l'Ariège, les premiers contreforts du massif, la vallée de Tarascon sur Ariège et les deux cols que nous avons franchis hier…

…Devant nous, au loin, les dernières crêtes françaises et la frontière espagnole, c'est dire que nous pouvons de cet endroit, deviner sans peine quasiment la largeur du massif pyrénéen. Le chemin se révèle particulièrement adapté à la vitesse de l'escargot en proie à une émotion grandissante. Les herbes jaunies par le soleil offrent des tons d'une variété inouïe, le ciel bleu d'azur a demandé la complicité de quelques taches cotonneuses pour donner du relief à sa magistrale représentation du jour…

…Inutile de préciser l'heure, cela n'a aucune espèce d'importance, c'est intemporel. La saveur de ces instants magiques se déguste, se savoure, s'apprécie dans un bien être que quelques mots ne suffisent pas exprimer. Le sentier s'élève doucement comme pour ne pas nous briser notre rêve. Le col des Finestres est à notre droite, le chemin ne va pas là haut, il bascule dans une large cuvette avant de remonter, nous le voyons bien, vers le col de la Didorte…

…Le col n'est plus qu'une question de minutes et il n'est pas loin de 14 h. Nous faisons une halte bienvenue pour notre repas cassecroutesque. En fait, nous sommes bien au col sus nommé, mais ne croyez pas comme nous que c'est la fin de la montée, eh non! Au dessus de nous, des randonneurs sont en train de descendre de la crête. Oui, c'est bien ce que je pense, le chemin se continue la haut. Notre allure est toujours cadencée au rythme de ce merveilleux paysage. La lente montée jusqu'à la crête des Isard ainsi nommée se savoure avec délectation…

…Le sentier chemine agréablement sur cette superbe crête. Il monte, descend, parmi les herbages et les rochers, le refuge n'est plus très loin en distance, mais nous avons l'impression de piétiner tant le parcours est irrégulier. A main gauche, nous regardons les montagnes qui feront nos plats de résistance l'année prochaine. Les Pyrénées Orientales dans toutes leurs splendeurs sont à portée de main, avec la silhouette caractéristique du Pic Carlit et si l'on regarde bien, peut-être voit-on…la mer. Du haut de ces crêtes, la vallée du Riutort située 500 m plus bas, offre un décor lacustre très original. Sa petite rivière forme de multiples et gracieux méandres dans un espace d'herbes grasses dont la couleur verte s'agrémente de subtils tons pastel…

…Avant d'arriver au refuge, alors que nous croyions le point le plus haut atteint, se présente un panneau indiquant le col de Beil à 2247 m. Allons bon, encore une petite grimpette, heureusement assez cool !!

…Vers 16 h 15, nous nous retrouvons devant le refuge du Rulhe, situé dans un cirque glaciaire où lacs et montagnes se disputent le premier rôle. Nous avons une chambre à quatre avec vue sur la montagne. Ce n'est pas très étonnant, elle est partout. Le temps s'est dégradé, vent et nuages annonciateurs d'un orage ont envahi l'horizon.

Comme prévu, pas besoin d'éclairage pour entamer notre nuit, car le tonnerre gronde vaillamment accompagné dans son concert, par une ribambelle d'éclairs et de bourrasques de vent à faire claquer les volets et grincer le toit. Les montagnes s'embrasent sous les assauts de la tempête. Comment sera le temps demain ? Mystère, nous avons une nuit pour y songer.




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