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Hendaye - Banyuls, la grande traversée, par Gérard Filoche.

4e partie : Mérens - Banyuls
49 - Planès, 1535 m - Le Ras de la Carança, 1831 m
Extraits du livre.

Dénivelé + 1054 m. Dénivelé – 762 m. 14 km.

La surprise du jour

Col Mitja ...Notre journée qui pointe le bout de son museau couvert de rosée n'est truffée que de bons sentiments. Comment ne pas remercier cette nature, qui nous préserve d'une humidité désagréable. Encore une randonnée sous un beau soleil…

…Le petit déjeuner de 8 h est comme souvent copieux Je ne peux pas utiliser le terme toujours, car il y en eut et en aura de plus que frugaux pour ne pas dire très sobres... Les approvisionnements ne sont pas tous égaux devant l'appétit des randonneurs. Donc, le repas du matin est à cette heure, ce n'est pas possible avant. Il faut s'y faire et s'adapter. Les départs très matinaux sont très difficiles à mettre en place où bien il faut faire tintin sur une boisson chaude, ce qui m'annonce des sourcils grincheux, des cheveux encapuchonnés dans une folle pagaille, des estomacs vides, des jambes flageolantes et en tout état de cause, des réprobations. Alors faisons avec. Si bien qu'à 9 h nous sommes enfin sur le pied de guerre, chaussures aux pieds, sac bien ficelé pour les 2 jours à venir, bâtons dans chaque main…

…Notre parcours d'aujourd'hui se compose, dès le départ, d'un dénivelé de 376 m jusqu'au Pla de Cédeilles, puis vient une longue descente vers le pied du col Mitja, et cette fameuse grimpette tant redoutée de 682 m. De là haut le refuge ne sera qu'à une heure de descente. Les bavardages si nombreux depuis le départ, ont brutalement cédé la place à un silence impressionnant dans les rangs. La faute à cette brutale montée qui est en fait, un raccourci de la piste forestière. Va doooucement ! Pour entretenir la forme, c'est parfait. Il fait grand beau, nous sommes sous de magnifiques sapins qui embaument l'espace. Le sentier devient moins sévère et paré de bien meilleures intentions. Nous cheminons cette fois entre pins et rochers de façon plus élégante. Le Pla de Cédeilles qui nous accueille est un petit pâturage d'herbe grasse où nous nous accordons une courte pause réconfort…

Carança …D'où nous sommes, nous apercevons l'autre côté de la vallée, là même où nous allons. Heureusement, l'espace est relativement réduit, mais pour y parvenir, le sentier oblige à une longue descente au creux du vallon pour atteindre le torrent et passer en versant ombret en un virage à 180°. Prochaine étape, le petit refuge non gardé d'Orry dans une bonne heure.

Alors que nous quittons la forêt et devinons tout au loin le petit pont qui nous fait changer de versant, le terrain devient beaucoup plus marécageux au niveau de la Jasse du Cortalet. Une quinzaine de minutes nous sont nécessaires pour atteindre le refuge de l'Orry à 1810 m.

Une bâtisse bien rustique renferme un petit refuge non gardé et le gîte du berger tout à côté…

…Nous sommes revigorés et parés pour l'attaque du col du jour. Si tout va bien, au moins trois heures seront nécessaires pour y parvenir. C'est dire que ce n'est pas gagné d'avance, de toutes les façons nous n'avons pas d'autres choix, car notre refuge de ce soir est derrière la montagne.

Le sentier serpente agréablement entres résineux et feuillus retrouvés. Le soleil joue à cache cache entres les branches, le temps est calme, mais j'ai l'impression que cela va " cogner " aussitôt l'ombrage disparu. L'équipe épique marche allègrement en file indienne. Au débouché d'une clairière, notre chemin s'oriente brutalement plein est, nous arrivons à la cabane d'Aixeques à 1685 m, autrement dit, nous sommes redescendus bien bas. Le pied du col est là et bien là, et à voir ce que nous ne pouvons voir, il faut simplement imaginer les trois heures à venir qui se résume en une longue, très longue montée sous un soleil de plomb, il est 11 h 30. Le soleil cogne, un petit vent salutaire vient tempérer cet espace surchauffé, la crème de protection, le chapeau et les lunettes sont indispensables. L'environnement est magnifique, les genêts exhalent, l'air semble suspendu à un point d'exclamation, les insectes butinent à s'en saouler tout en bourdonnant autour de moi. Le chemin est herbeux, il faut profiter de ce coup de pouce de la nature pour relativiser l'effort des trois heures à venir. Et boire, à petites gorgées, mais boire, même si l'eau citronnée n'est plus très fraîche, sans oublier que le casse croûte ne sera effectif qu'en haut du col, dans 2 h 30, quel tyran !!!, dit la petite voix...

…Déjà 2 h 30 de montée. Le col à la forme si caractéristique entraperçu hier ne se résume plus qu'à une large pelouse. Encore au moins 45 minutes d'ascension sont nécessaires pour atteindre le tout petit panneau indicateur que j'aperçois. La piste récupère le GR 10 pour l'ultime parcours…

…je continue provisoirement jusqu'au sommet tout proche afin de visualiser l'autre versant pour envisager un arrêt pique-nique à l'abri du petit vent très frisquet qui souffle sur la cime. Oui, en effet le temps a viré au brumeux charriant des volutes cotonneuses d'une façon très énergique et qui n'inspire pas confiance. A cette altitude, sans arbres, il vaut mieux redescendre un peu. Je crois que malgré la faim qui nous tenaille, il va falloir marcher un peu car le premier arbre est bien bas, disons à un petit quart d'heure. Du col à 2367 m, au loin, nous pouvons apercevoir la Cerdagne qui nous tend les bras et les premiers contreforts du massif du Canigou. C'est une vallée profonde et étroite qui nous attend, avec tout en bas, le petit refuge de la Carança. Une heure de descente pour atteindre le refuge, il est toujours en point de mire, il ne peut donc nous échapper. En fait, si je comprends bien, le col se résume à une belle piste forestière de chaque côté, ce qui n'est pas pour déplaire cette fois. En effet, certaines, rencontrées les années précédentes avaient beaucoup moins de charme…

…Ce refuge est sans doute l'un des plus petits de ceux rencontrés jusqu'à présent. D'une capacité d'accueil d'une trentaine de personnes, la minuscule salle de repas oblige à deux services. Il faut dire que le bâtiment est situé au bout des gorges de la Carança, lieu de randonnée très prisée. Il dépend de la commune de Fontpédrouse, de l'autre coté de la vallée.




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